vendredi 8 janvier 2016

Les "phobies": armes de discréditation massive.

Islamophobes, homophobes et xénophobes sont aujourd'hui de ces étiquettes qui tiennent lieu de ces cloches qui avertissaient au moyen âge de l'approche d'un lépreux.

Je ne souhaite pas tellement, ici, approfondir les questions spécifique de l'islam, de l'homosexualité ni de l'immigration mais, plutôt, indiquer qu'un des principaux lieu des combats idéologiques de notre époque est le langage.


Sommes-nous contre la reconnaissance de l'homosexualité comme d'une chose naturelle et saine : "HOMOPHOBE" ! Nous voilà discrédité et l'effort démesuré que nous déploierons à démontrer le caractère rationnel et raisonnable de notre position demeurera vain. Nous voilà lépreux, donc, infréquentable et banni de l'agora.

Celui qui cherche la vérité éprouve souvent une répulsion pour les chicanes de mots. Il cherche à analyser et saisir le réel de la manière la plus simple possible et à le partager de la même manière. Dans le dialogue, il s'attache à comprendre ce que veut dire son interlocuteur et, en cas d'incertitude, il l'interroge pour s'assurer qu'il n'y ait pas de quiproquo. L'argumentation qui peut s'en suivre est un chemin commun de recherche de la vérité.

En un mot, les chercheurs de vérité on souvent un dédain pour la rhétorique (qui est l'art de la persuasion) qu'ils méprisent facilement parce qu'elle ne s'adresse (souvent) pas premièrement à la raison, alors que les arrivistes en tous genres l'utilisent comme leur arme favorite, non pas pour le bénéfice de la vérité mais simplement pour parvenir à leurs fins, quelles qu'elles soient. À l'époque de Socrate, on les appelait les sophistes.

Il est souvent difficile de faire la distinction entre celui qui cherche la vérité et celui qui ne fait qu'argumenter pour son propre compte. Il est également très difficile à celui qui cherche la vérité de simplement admettre qu'on puisse ne pas chercher la vérité. Ainsi, beaucoup de personnes de bonne volonté gaspillent une énergie démesurée en des disputent qui s'avèrent totalement stériles, autant pour l'un que pour l'autre des interlocuteurs.

Dans le doute, bien sûr, autant présumer du meilleur de celui avec qui on discute mais nous devons apprendre de nos expériences et parvenir à distinguer entre ceux qui méritent que nous leur consacrions nos efforts et les autres.

Là où les choses deviennent "critiques", c'est dans le cas d'un dialogue ou d'un débat à caractère public. Il est souvent difficile d'avoir un véritable échange constructif en groupe ou devant une assemblée. De plus, il peut souvent arriver que notre interlocuteur soit un adversaire déloyal, un sophiste, qui s'attaque à nous plutôt qu'à nos idées et cherche à nous discréditer afin d'éviter, justement, que nos idées aient la possibilité de rejoindre l'auditoire.

S'il ne s'agissait que de notre personne, nous pourrions légitimement nous contenter d'accepter l'injure sans nous "rabaisser" au niveau de l'adversaire. Cependant, si nous voulons faire valoir la vérité pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent, nous ne pouvons nous contenter d'abandonner les foules à la merci de ceux qui les manipulent. Alors, soit ! Ne nous rabaissons pas au niveau de ces sophistes d'aujourd'hui, mais nous avons tout de même une obligation de faire ce que nous pouvons pour les neutraliser, afin qu'ils ne soient pas en mesure d'obtenir leur sympathie et de les persuader de leurs erreurs.

La rhétorique est un sujet trop vaste pour prétendre le couvrir en un article. Cependant, je donnerai ici un exemple en rapport avec les trois expressions que j'ai énumérées au début de cet article: les "phobies".

Comme je le disais, ces expressions ont été forgées afin de discréditer ceux qui expriment des avis contraires à ceux qui les utilisent. Si on est confronté, dans un débat sur l'homosexualité par exemple, à l'accusation d'homophobie, il faut dès lors considérer que la discussion sur l'homosexualité est close, terminée. Le débat vient de se déplacer au niveau personnel, ce qui est en jeu n'est plus le sujet annoncé, mais la personne qui parle. La priorité absolue est maintenant de se défaire de cette fausse accusation, de cette étiquette.

Il y a deux aspect dans cette stratégie de défense:

1- Discréditer l'adversaire
Au moment où le mot "homophobe, islamophobe, xénophobe" ou autre de ce genre tombe, nous ne sommes plus en dialogue avec un interlocuteur, nous sommes en joute verbale avec un adversaire qui s'en prend à notre personne. Cela n'a d'ailleurs rien à vois avec les intentions de celui qui parle. Même si (par hypothèse) il ne s'agissait que d'une bévue involontaire (j'insiste sur le "par hypothèse"), tant que nous n'avons pas restauré le respect qui nous est dû et mis l'adversaire hors d'état de nous nuire, tout argumentaire rationnel ne nous maintiendrait que dans une attitude défensive et nous laisserait perdant au niveau du débat. Ne pas prendre acte de cette réalité serait une erreur.

Précisons bien, cependant, qu'il ne s'agit pas de s'abaisser au niveau de l'adversaire en cherchant à s'attaquer à sa personne privée, à sa dignité personnelle (quoique je n'exclue pas à priori que cela puisse être nécessaire et juste mais cela relèverait d'un jugement prudentiel pour lequel il n'y a pas de "recette" toute faite). La rhétorique est un art de la persuasion, elle a des méthodes qui lui sont propres mais les fins poursuivies appartiennent à celui qui l'utilise.

2- Désamorcer l'accusation en montrant le caractère insignifiant de l'expression "....phobe"
Devait l'accusation "d'homophobe" (ou d'autre du même genre), c'est une erreur de vouloir se soustraire à l'accusation. Si nous prenons la posture de "Je ne suis pas homophobe et voici pourquoi", la bataille est déjà perdue car nous venons d'accepter implicitement de nous battre selon les termes de l'adversaire en acceptant la notion même "d'homophobe". L'enjeu n'est pas, encore une fois, de démontrer mais de démonter.

Le mot est ce qui doit être démonté. Qu'est ce qu'une phobie ? Une peur irrationnelle. Alors, laisson le mot et utilisons les mots de sa définition: peur, irrationnalité.
Si on nous accuse d'homophobie, la réponse adaptée n'est pas "je ne suis pas homophobe" mais "je n'ai pas peur" et "ce que je dit n'est pas irrationnel".

Voilà ce qui peut constituer des point de ré-ancrage à notre argumentaire sur le sujet débattu.

Il s'agit, bien sûr, ici d'un exemple très bref de réflexion rhétorique afin d'illustrer mon propos. De plus, la rhétorique étant une art, il ne s'agit pas d'avoir une recette dans les mains pour pouvoir prétendre le maîtriser. Il faut, d'une part, y réfléchir et, ensuite, l'expérimenter en situation réelle afin d'en acquérir progressivement la maîtrise.

Nous avons suffisamment laissé les ennemis de la vérité et du bien commun prendre le pouvoir à tous les niveaux (politique, économique, culturel et même spirituel). Il faut aujourd'hui, par tous les moyens à notre disposition, ne plus leur permettre d'avoir le champs libre et de laisser libre cours à leurs ambitions.

Un de ces lieux où la bataille nous est défavorable est le champs du langage où les mots on étouffé les idées. Nous devons reprendre le contrôle de nos échanges et de notre communication si nous voulons prétendre faire valoir nos idées.

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