vendredi 11 décembre 2015

Féminisme: individualisme et marxisme

La première féministe militante que j'ai rencontrée faisait partie d'un groupe à l'université qu'elle fréquentait (l'UQAM si je ne me trompe pas) qui s'appelait "la brigade rose".
Après l'avoir écoutée et avoir lu un exemplaire de leur journal j'était resté marqué par l'agressivité générale de leurs propos et l'espèce haine qu'elle semblaient vouer aux hommes en tant que tels.

J'avais environ 19 ans à l'époque, c'était le début des années 90 et je n'avais pas encore de véritable formation intellectuelle.
Le désir que j'avais eu spontanément était d'avoir la chance de parler à des féministes de ce type et de leur dire que l'homme n'était pas l'ennemi de la femme. C'était très intuitif de ma part et naïf, également. Je me rends compte aujourd'hui que non seulement j'aurais prêché dans le désert mais j'aurais sans doute eu droit à une "volée de bois vert".

La raison de mon titre est qu'à mon sens, le féminisme s'alimente à ces deux idéologies que sont le marxisme et l''individualisme; deux cancers intellectuels et culturels de notre société contemporaine.

Point 1 le marxisme : En bref, la relation au marxisme est dans la lutte des classes marxiste appliquée aux sexes. C'est assez facile à comprendre si on transpose la vision du patronat à l'homme et celle du prolétariat opprimé à la femme. En faisant de l'oppresseur l'ennemi à combattre avec l'objectif de parvenir, par la révolution permanente, à la société sans classe, on peut facilement reconnaître un programme politique et social qui nous a été administré depuis notre tendre jeunesse et cela éclaire également beaucoup de ce que nous entendons constamment dans les discours concernant l'égalité des femmes. La société patriarcale dominée par les hommes doit être transformée afin de permettre aux femmes; leurs victimes aliénées, de s'en émanciper dans une société égalitaires sans classe [sans sexe: théorie du genre].

Bien sûr, une condition nécessaire pour maintenir cette analyse est de ne plus accepter cette distinction traditionnelle entre l'égalité de la dignité des personnes et d'en faire une identité pure et simple qui nie toute différence entre les sexes et la complémentarité qui en découle.
Les dernières évolutions sociales qui découlent de cette confusion sont formulées dans ce qu'on appelle la "théorie du genre" qui nie tout fondement naturel à la différence des sexes.

On peut remarquer que les luttes féministes de notre époque ne luttent plus pour le "respect de la femme" mais pour son "égalité", comprise dans le contexte de l'idéologie du "genre".

[Digression: de même, on ne lutte plus contre la pauvreté aujourd'hui, on lutte contre les inégalités sociales. Il n'y a qu'à écouter les discours qui en parlent pour s'en apercevoir. Il s'agit du même caractère idéologique marxiste]

Point 2 l'individualisme : Sans en donner ici une véritable définition, l'individualisme en tant qu'idéologie n'accepte plus de reconnaître en l'homme un être dont l'épanouissement et le bonheur comporte essentiellement une dimension sociale et interpersonnelle.

Notre vie tout entière comporte la nécessité d'être en relation avec des proches et cette nécessité n'est pas qu'accidentelle, c'est à dire qu'elle n'est pas seulement au niveau pratique. Ce n'est pas seulement pour la réussite de projets communs (bien que ça en fasse partie) que nous avons besoin des autres, mais pour tous les aspects de notre vie, jusque dans notre vie intime. C'est le sens très radical, fondamental de cette parole dans la Genèse: "Il n'est pas bon que l'homme soit seul".

Cette réalité, inscrite dans notre nature elle même, que nous dépendons de ceux qui nous entourent est considéré par la pensée individualiste comme une pure limite, comme une faiblesse à dépasser. La véritable réussite individualiste est celle qui s'atteint sans compter sur les autres, c'est le "par soi-même".

Notre besoin d'exister en relation avec les autres et, même, par les autres n'est pas une limite à dépasser mais une réalité à assumer. Evidemment, il faut en avoir une juste compréhension pour ne pas ruiner cette autre nécessité à notre épanouissement qu'est une véritable autonomie (question que je ne développerait pas ici).

Ainsi, si on peut voir comment le féminisme s'alimente à la perspective marxisme de la lutte des classe, on voit également comment il considère comme un aberration à combattre la notion selon laquelle la femme soit faite pour l'homme (et vice versa, soit dit en passant).
Dans cette perspective, le féminisme professe que la femme peut et doit se développer et s'épanouir pleinement indépendamment de l'homme dont la dépendance à son égard est comprise comme une aliénation. 

On peut, encore, facilement voir et comprendre l'origine idéologique de toute cette mentalité contraceptive qui fait du contrôle de la femme sur son corps, sur sa maternité, un absolu total et qui abouti à cette revendication absolument sans concession sur le "droit à l'avortement sans restriction d'aucune forme".

En effet, si on reconnait la maternité non comme un "accident" [à prendre au sens philosophique] de la nature féminine mais comme son essence, on sape à la base les fondements marxiste et individualistes, du féminisme.

Dernières remarques : Je ne l'ai évoqué qu'en passant, mais cette dépendance naturelle de la femme à l'égard de l'homme est vraie aussi dans l'autre sens. Le féminisme, ne s'attaque pas seulement aux femmes en les privant de la reconnaissance de leur nature profonde, mais également aux hommes qu'il prive à la fois de pouvoir exercer leur rôle auprès des femmes et de bénéficier de ce qu'elles leur apportent et dont ils ont également un besoin fondamental et essentiel. 

Dans la culture de la revendication, on ne sert plus, on ne se rend plus compte qu'en plus d'avoir besoin de l'autre, l'autre à besoin de nous et nous ne nous regardons plus que comme des êtres condamnés à la réussite personnelle ou à l'échec pur et simple.

je viens de parler dans ce texte des ces idéologies que sont le féminisme, le marxisme et l'individualisme. Je crois qu'il est important d'en prendre connaissance car elles ont profondément influencées notre culture occidentale. Je crois également essentiel de prendre conscience et d'admettre que nous sommes marqués culturellement par ces idéologies. ce que je veux dire est que même si nous sommes intellectuellement conscient de ce qu'elle professent et opposées à leur vision du monde, nous sommes marqués dans notre vie personnelle par ces idéologies, puisque nous avons grandi dans un monde qui les véhicules et nous en a nourri.
Ainsi, par exemple, on peut comprendre et admettre que nous sommes d'une nature sociale, mais sommes nous véritablement capable de nous appuyer sur nos proches pour faire les choix qui orientent notre vie ?

Tous ces ménages qui ne parviennent pas à surmonter les nécessaires épreuves de la vie, de ces dépressions que tous voient venir à l'exception de ceux qui en sont affectés, de ces suicides qui paraissent à ceux qui les commettent comme la seule issue à la souffrance ne sont ils pas des exemples qui nous montrent de manière tangible que nous ne savons plus nous appuyer les uns sur les autres pour vivre d'une manière qui nous permettre de surmonter les épreuves de la vie et parvenir à cet épanouissement que nous cherchons tous...seuls ?

Il ne s'agit pas simplement de voir cette réalité dans notre monde et d'en faire la critique comme si cela n'affectait que les autres. L'enjeu réel de cette réflexion est de repérer dans nos propres vies comment nous sommes nous-mêmes aux prises avec cette réalité et de rechercher les façon d'y remédier.


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